Le prologue s’ouvre sur un couple courant en plein hiver, fuyant un homme armé d’une hache qui leur explique qu’ils n’auraient pas dû s’opposer à la tradition Paternoster.

A partir de là, le récit va alterner entre deux périodes : octobre-juillet (rencontre et établissement du coupe Dana Mimouni-Basil Paternoster) et juillet (vacances chez les Paternoster).

Octobre : la jeune femme vient de se faire plaquer par son copain. Désespérée, alcoolisée, elle tombe dans les bras du beau Paternoster, avec qui elle passe la nuit. Si le jeune homme a

tout pour lui, elle essaie d’éviter de s’emballer.

23 juillet : le couple se met en route pour La Dombes. Dana est anxieuse à l’idée de rencontrer la famille de Basil Paternoster qu’elle sait bourgeoise, alors qu’elle, bien qu’éduquée, vient d’un milieu pauvre et d’une famille monoparentale. Les premiers échanges se passent assez mal. Les parents de Basil, Célia (grande blonde élégante et gynécologue) et Homère (dentiste avec un bec de lièvre) sont peu accueillants et lui jettent des oeillades incongrues.

Octobre : Le lendemain de leur rencontre, la jeune femme souffre de l’absence de son nouvel amant, qui a insisté pour leur laisser 3 jours d’isolation avant de se revoir. Pourtant, il débarque le soir même sous couvert d’une parade romantique. L’emprise commence à se mettre en place.

23-25 juillet : L’apéro s’éternise au soleil, et Dana, qui n’a pas l’habitude de consommer de l’alcool, devient saoule. Elle se rendra vite compte que c’est une habitude chez Homère, le père, d’essayer de la faire boire. Les Paternoster lui font visiter la maison. Le décor est grandiloquent, vieillot, et oppressant. Dana fait la rencontre de Théophile, le frère de Basil, personnage intrigant, plein de verve, qui se rend rapidement sympathique à ses yeux. La famille évoque « Ernest », le soi-disant fantôme de la maison. La nuit, dans cette grande demeure étrange, le chat de Dana et le chat des Paternoster se chahutent. Le chat de Dana sert de miroir à sa propre situation au fil du roman. Le lendemain, Célia, la mère, installe un rapport de domination

avec Dana. Les jours passent et les parents censés travailler sont toujours là. Mal à l’aise, Dana s’isole et retrouve Théophile. Elle découvre qu’il est Pinky Pig, un chanteur idole de son

adolescence. Elle essaie d’en apprendre plus sur lui, mais il n’y a aucun réseau Internet (ni téléphonique) dans la maison. Dana confronte Basil à cette nouvelle, et il démine tous ses doutes sur les raisons de son silence, et sur cette isolation technologique. En partant se chercher une bouteille d’eau dans la nuit, Dana surprend une conversation entre Homère et Célia, plutôt raciste et menaçante. Elle considère pourtant que le problème vient d’elle. Déterminée à s’intégrer dans cette famille de classe élevée, à devenir la belle-soeur d’une star, et à renverser les apparences, elle va commencer à s’imposer plus clairement, ce qui semble fonctionner avec les beaux-parents.

Mars : Le couple bat de l’aile, et les débuts prometteurs laissent place aux premiers conflits. Encouragée par sa mère, la jeune femme va faire des efforts pour sauver sa relation.

Avril : Un mois plus tard, elle est plus heureuse qu’elle ne l’a jamais été. Décidée à surprendre son amoureux, elle vient l’attendre à la sortie du travail, et l’entend parler d’elle comme d’une « pauvre fille » auprès d’un collègue. Le couple rompt.

28 juillet : (saut de 3 jours non expliqué dans la chronologie). Les chats ne s’entendent toujours pas, et Dana n’arrive plus à tenir tête à sa belle-famille. Célia reste dure, et Homère

continue de lui servir des verres d’alcool. Conscient que la situation est étouffante, Basil emmène Dana en ville pour qu’elle puisse contacter sa mère, à qui elle décrit des vacances de rêve. Basil en profite pour lui imposer un passage au cabinet de gynécologie de Célia. Elle refuse, sans succès. L’examen semble initialement bien se passer, mais Célia est de plus en plus abrupte, sous-entendant même que Dana va devoir rapidement faire des enfants si elle veut éviter la rupture.

Mai : Elle vit très mal la rupture et espère encore qu’une réconciliation est possible. Quand son homme revient à la maison, la conversation tourne au vinaigre. Pourtant, il arrive à lui faire croire qu’elle a mal interprété la situation, et s’excuse platement. Troublée, fatiguée, et émue par les premières roses qu’on lui ai jamais offertes, elle accepte de se remettre en couple.

28 juillet : Homère rend Dana extrêmement saoule. Elle se laisse faire, sentant que le vent change de sens et que la belle-famille commence enfin à être aimable avec elle.

Juin : Elle est si heureuse ! Et amoureuse ! Elle veut lui faire des enfants.

28-31 juillet : Dana et Homère discutent. Il touche son visage et sous-entend qu’elle pourrait changer, lui parlant de différentes théories de dentisterie. Dana croit un instant qu’on l’a

empoisonnée ou hypnotisée, mais on la rassure. Homère, Théophile et Basil l’amènent au grenier, où ils lui montrent de vieux portraits d’homme blancs, tous avec des moustaches ou des becs de lièvre. Ils lui apprennent que seuls des hommes naissent dans cette famille, et que tous héritent d’un bec de lièvre. Elle y croit un instant avant qu’Homère et Basil lui révèlent qu’ils se moquent d’elle. Vexée, elle retourne boire avec Théophile. Il lui intime de partir avant qu’il ne soit trop tard, mais, saoule, elle ne tient pas compte de son avertissement. Dana perd du poids depuis un moment, mange mal, peine à bronzer, et même ses belles boucles brunes se ternissent. La pression psychologique s’intensifie. Le lendemain soir, les Paternoster accueillent des amis chez eux, et une fois encore, Dana essaie de se faire passer pour plus caucasienne qu’elle ne l’est afin de faciliter les échanges avec la vieille bourgeoisie aindinoise.

Théophile la met à nouveau en garde, mais précise également qu’il ne prend plus ses médicaments et déraille un peu. Elle ne l’écoute pas. Le soir même, Basil se fait griffer le visage par un des chats, apeuré par la tempête qui s’amorce. Basil propose à Dana une escapade à Lyon le lendemain, pour s’extraire de ce climat anxiogène. Le couple ne partira pas à Lyon. Le jour qui suit débarque Magda, une jeune femme roumaine, grande, blonde, élégante, et surtout ex de Basil. Elle semble avoir eu un accident ayant engendré une paralysie partielle du visage. Dana l’imagine oligarque, avant de comprendre qu’elle aussi, vient d’un milieu défavorisé. Madga pète les plombs et supplie Basil de la reprendre, hurle qu’elle pourra changer, qu’elle est prête, et deviendra belle.

31 juillet : Le couple ne part toujours pas à Lyon, et l’isolation s’intensifie. À la place, Célia propose une balade à Dana et l’emmène vers un étang représenté dans un tableau en point de croix particulièrement précieux à la famille. Dana confronte Célia sur leurs échanges étranges et les non-dits, mais Célia esquive, pousse Dana à l’eau, et part. Trempée et furieuse, Dana rentre seule à la maison. Elle y retrouve les parents et Basil qui semblent trouver la situation normale. Humiliée, elle fait sa valise et se met en route pour Paris. Une heure plus tard, elle fait demi-tour, inquiète à l’idée d’abîmer son couple.

32 juillet : (erreur volontaire). Le point de non-retour est atteint. Dana a pardonné Célia et est même reconnaissante. Elle accompagne Homère dans le potager. Il lui fait décapiter des

limaces - pour protéger ses récoltes - et creuser un grand trou pour commencer une culture de champignons. En fouillant la terre, elle découvre une dent humaine. Homère lui annonce que ce sont les restes d’Ernest, le fantôme de la maison, évoqué plusieurs fois. Dana s’affole, mais Homère se moque d’elle une fois encore. Il lui explique que planter des dents humaines est une tradition familiale de dentiste, que les os permettent aux plantes qui assimilent mal le phosphore dans un sol acide de trouver des nutriments complémentaires. L’après-midi, Basil et Dana sont seuls au bord de la piscine. La griffure de chat sur le visage de Basil s’est infectée. Il met en garde Dana contre les coups de soleil. Elle lui explique qu’avec ses gènes arabes, elle n’a jamais pris un coup de chaud de sa vie. Quelques heures plus tard, Dana est malade, cloquée, subissant une forte insolation. Avant de tomber inconsciente, elle trouve Théophile qui lui dit de se tenir prête, qu’il viendra la chercher plus tard.

15 juillet : TWIST ! Après six mois de relation, alors que le mur est tombé et que l’Allemagne se réunifie, Célia Mokhtari relate à quel point elle a hâte de devenir Célia Paternoster. Depuis

le départ, tous les chapitres du passé - sans prénoms - entre cette jeune Kabyle et ce beau Français sont en fait l’histoire de Célia et de Homère, et non celle de Dana et de Basil. L’histoire se passe sur des années différentes. Le lecteur comprend alors que quelque part, Célia aujourd’hui grande, blonde, blanche, et qui était donc à l’époque Algérienne, a dû subir une métamorphose.

33 juillet : Dana se fait réveiller au petit matin par Théophile qui lui intime de rester silencieuse. Elle se retourne et découvre Homère nu, dans son lit. Elle prend peur un instant avant de réaliser que non, ce n’est pas Homère, mais Basil qui a vieilli, et que sa griffure de chat à la lèvre, infectée depuis plusieurs jours, se transforme en un bec de lièvre, comme son père.

Théophile et Dana fuient. Il amène la jeune femme devant le trou à champignons et lui annonce qu’elle a creusé sa propre tombe. Dana panique, Théophile la pousse dans le trou. Elle se débat croyant qu’il essaie de l’enterrer vivante, alors qu’il tente simplement de la cacher alors qu’une silhouette s’avance dans la brume. Théophile et Dana courent vers l’étang (faisant une boucle symbolique avec le prologue). Dana se jette à l’eau. A l’autre bout de l’étang, elle est récupérée par Homère. Épuisée, elle se laisse faire. La famille n’essayait pas de la tuer, c’est un malentendu attisé par la personnalité psychotique de Théophile. Dana se redresse et découvre que ses cheveux ont blondi. Elle regarde Célia, et comprend enfin ses oeillades étranges, réalisant qu’elle se transforme, tout comme Célia a dû le faire avant elle. Elle devine qu’il est là, le secret des Paternoster. Devenir leur père est le chemin tout tracé des hommes, fils à papa qu’ils sont, deviennent, et engendrent. Mais les femmes, elles, sacrifient leur identité, abandonnent leur culture et leurs usages pour se conformer aux attentes de ces messieurs et monter dans l’ascenseur social (« Pater noster » est non seulement le « notre père » en latin, mais aussi un type d’ascenseur.)

Épilogue : Dana a bien changé. Elle est blonde, blanche, heureuse mais craint que sa mère ne la reconnaisse pas. Pourtant, quand cette dernière lui rend visite, elle fait mine de ne rien voir, trop heureuse de constater que sa fille est devenue si belle. Un dernier regard entre les deux femmes montre que la mère comprend très bien ce qu’il vient de se passer, mais qu’elle l’encourage, car grâce à ça, sa fille aura une meilleure vie qu’elle… « et c’est tout ce qui compte ».