Le royaume de Morz est le royaume le plus au Nord du monde : autrefois recouvert de glace ; ce n’est plus le cas depuis la mystérieuse chute d’entités ayant fait fondre la neige éternelle ; des lions ailés inconnus de toutes civilisations. Après cet évènement, l’humanité a pu s’établir durablement dans cette région au détriment des peuples autochtones : les sorcières et les N’dus, dont la civilisation bestiale est sur le déclin.

Cinq cents ans passent et Noir est une menace bien connue dans le royaume ; il est craint de tous, et notamment du prince Jaroslav. Ce dernier a remplacé son frère aîné, décédé, sur le trône de Morz après avoir vécu dans une maison mineure à l’abri des menaces ; réelles ou supposées. Profondément croyant, il prend à cœur les exactions de Noir et de son Second, tout en peinant à asseoir son autorité sur son royaume et sa cour, et notamment sur sa mère la reine. Seul son champion le soutient de manière indéfectible dans cette période troublée. Il est persuadé d’être un élu de la Lumière et sa mère qui compte sur lui pour garder la main sur le trône. Un secret pèse cependant sur la lignée royale : les cadavres lions tombés des siècles plus tôt sont gardés dans une partie du palais et servent à maintenir l’été sur le royaume grâce à un phénomène magique qui remonte à des siècles : manger de leur chair.

Le Second qui hante Morz aux côtés de Noir est Agnieszka, une femme dure à la troublante chevelure blanche, qui accompagne le mystérieux Noir depuis des années. Sa cruauté est légendaire, mais ce n’est qu’une façade. Noir, son maître, est un être fluctuant, incertain, plus proche d’un esprit déchu que du despote qu’il se prétend être. Il nourrit un rêve bien plus délirant que la conquête du royaume : ramener l’hiver dans ces terres oubliées depuis longtemps, à l’aide du peuple des sorcières et des N’dus. Agnieszka le soutient sans faille depuis le premier jour, en éludant toujours les véritables raisons qui l’ont poussé à le suivre, mais des doutes commencent à la saisir ; et si Noir n’était que folie ? Les autres humains qui suivent Noir, chacun pour leurs raisons, en sont secrètement persuadés.

Tout en continuant à préparer de futures offensives, Agnieszka s’inquiète de la loyauté de Noir envers les sorcières, leurs véritables alliées, qu’Agnieszka méprise à cause de leur mysticisme. Néanmoins, elle respecte l’étrange lien qu’elles partagent avec leur totem, l’animal avec lequel elles se lient pour la vie, d’autant plus qu’elle se sait elle-même être une sorcière, comme cela peut arriver de temps en temps au sein de la population humaine exilée en ces terres depuis des siècles. Toutefois, Agnieszka ignore quel animal pourrait être son totem et s’en fiche éperdument. Elle ne vit que pour Noir comme elles ne vivent que pour revoir l’hiver et retrouver leur grandeur d’antan. Noir succombe d’ailleurs aux préconisations d’une sorcière venue parlementer avec eux, qui le persuade d’attaquer la ville portuaire de Vilnia pour accomplir de mystérieux desseins.

Pendant ce temps, le voile se lève sur les possibles causes de la folie latente du prince, car la reine Honorata nourrit en secret son fils des morceaux des cadavres des bêtes tombées des siècles plus tôt. Agnieszka n’a pas le choix que d’accomplir la volonté des sorcières à Vilnia, tout en menant un duel honorable avec le champion du prince, qui s’éprend éperdument d’elle. Elle récupère un butin, qui va en réalité servir pour une jeune sorcière qui reste avec Noir par défiance envers son propre peuple. Caché dans un sac de blé, cette dernière trouvera en effet son propre totem et n’aura d’autre choix que d’aller vivre avec les sorcières. Celles-ci ont ourdi tout ceci pour récupérer assez de puissance pour invoquer un esprit de la nuit sous la forme d’un cadavre d’enfant qui sera confié à Noir pour accomplir leur volonté. Silfilaru, un N’du soucieux de l’intégrité de son peuple, rejette les manœuvres des sorcières et tente faire entendre raison à Agnieszka, en vain, ce qui le poussera à tenter de la tuer et à être exilé. Pendant ce temps, suite à la chute de Vilnia, déjà affaibli sur son trône, Jaroslav devient de plus en plus paranoïaque et décide d’éclaircir les rangs de la cour, jusqu’à condamner l’ambassadrice d’une nation alliée qui commençait à se rapprocher malgré elle du secret des lions. La reine sent que la situation lui échappe mais peine de plus en plus à s’imposer face aux voix qui hantent l’esprit de Jaroslav, nées de la consommation abusive de viande des lions.

À présent Agnieszka doit attaquer la ville de Rayrn où les sorcières sentent que des forces sont en marche. L’esprit de la nuit permet aux N’dus d’attaquer plus efficacement, eux qui craignent la lumière du soleil. La bataille apporte son lot de morts et marque encore plus l’empreinte du feu et du sang dans la conscience de Jaroslav. Agnieszka peine à comprendre les motivations des sorcières et de leurs manœuvres, et Noir lui ordonne de se rendre chez elles pour récupérer un mystérieux artefact, ces dernières ayant enfin jugé Noir digne de confiance, ou plutôt, Agnieszka elle-même. Néanmoins, pour cela, le Second doit entièrement se révéler aux sorcières, en racontant son histoire et les raisons de son dévouement à Noir, qu’elle tait à tous. Ce dévouement ne se nourrit que de colère et de peur, car elle a rencontré Noir après avoir perdu de vue son époux lors de fêtes religieuses et vécu une nuit dans la terreur la plus pure, qui a vu ses cheveux blanchir.

Après cela, les sorcières lui confient une plume, qui appartient en réalité aux lions détenus dans le palais et prouve l’existence de ces créatures. Agnieszka comprend qu’elle doit se battre comme quelque chose qui la dépasse entièrement et s’y refuse, car elle ne veut pas croire qu’elle doive affronter ce que les sorcières prétendent être des dieux. Ces mêmes créatures finissent par faire basculer Jaroslav dans la folie, puisqu’il massacre sa mère lorsqu’il découvre la vérité sur leur utilité et le rôle qu’il joue dans l’équilibre du royaume. Dans la foulée, il lance une attaque dans le campement de Noir, qu’il a localisé grâce à la capture de Silfilaru alors en exil. Agnieszka, au milieu du massacre, est capturée par les soldats, avec la seule satisfaction d’avoir permis la fuite de son maître et de ses alliés.

Une fois au palais de Jaroslav, Agnieszka est torturée mais gardée en vie par un champion éperdu d’amour depuis la bataille de Vilnia, qui décide de lui trancher les doigts par prudence. Feignant d’être soulagée d’échapper enfin à l’emprise de Noir, elle va alors renouer avec son totem inconnu tout en essayant de rester en vie. Le prince se désintéresse d’elle, la jugeant devenue inoffensive, et se jette corps et âme dans la préparation délirante d’un rituel supposé ramener les lions et anéantir les ténèbres. Au terme d’une enquête au sein du palais, Agnieszka comprend que les lions seront alors présents lors du prochain grand bal et que ce sera la seule occasion pour elle de les atteindre et de tenter d’accomplir malgré tout la volonté de Noir. Mais au moment de passer à l’action lors de ces festivités, où elle est introduite aux côtés de Tomislav, Agnieszka revient sur sa décision en apprenant que Noir a été capturé alors qu’il tentait de mener un assaut sur la ville. En présence d’un Noir diminué, Jaroslav fait venir les cadavres de lions et tente de réaliser son rituel, évidemment en vain. Persuadé par les voix des lions que le rituel nécessite seulement plus de sang, Jaroslav commence à massacrer les convives. À mesure que la soirée s’enfonce dans la violence, le champion parvient à tuer Noir, ce qui ne l’empêche pas d’être à son tour sacrifié par le prince. Désespérée par ce qu’elle pense être sa mort, Agnieszka réussit à éliminer un lion et s’apprête à succomber à ses blessures, lorsqu’elle comprend que Noir n’était pas un esprit ou un humain corrompu, mais un chat des neiges, bien vivant, et qu’il est son totem. Noir n’arrive pas à passer outre l’effroi d’Agnieszka, qui n’imaginait pas Noir en ombre d’elle-même, en catalyseur de sa colère et manipulateur de ses pensées pour atteindre son propre objectif de refaire tomber la neige. Les chats des neiges étant des totems particulièrement puissants, Agnieszka a en réalité toujours été manipulée par les sorcières qui ont cherché sans relâche à la pousser dans ses retranchements et à la forcer à adhérer au désir de faire revenir l’hiver. Rapidement, elle réalise qu’elle doit à la fois achever le lion restant et le prince pour avoir une chance de faire tomber la neige. Mais au dernier moment, lorsque le dernier lion tombe en poussière, le prince agresse Noir, et Agnieszka s’interpose pour le protéger pour mourir à sa place, tandis que l’hiver prend possession du palais, et que Jaroslav succombe également, les voix de son crâne enfin éteintes.

Enfin la neige tombe et le peuple des sorcières se réjouit, louant et méprisant Agnieszka, elle qui n’a jamais su admettre sa condition de sorcière, pour cette chute miraculeuse, et s’apprête à régner de nouveau sur Morz.

Noir, redevenu un simple chat des neiges et libéré de ses oripeaux de noirceur, avance vers le nord, tourmenté par ses actes et par l’hiver. Il se sait néanmoins suivi. Car en réalité, sa volonté a maintenu Agnieszka en vie, sous la forme d’un cadavre animé de haine qui le protège au péril sa vie. La nuit, elle reprend conscience, mais ne s’enfuit pas. Elle se promet qu’elle protégera Noir jusqu’à la nuit des temps, même si elle doit massacrer les sorcières.