La cité de Korost est la capitale économique d’un l’empire, florissante grâce à sa séculaire industrie du verre et à sa forgerie, un artisanat ésotérique capable de changer la lumière du soleil en force motrice. Mais l’Empire lui-même est mort, saigné à blanc après un guerre perdue et une insurrection intérieure. Des vagues de réfugiés, de blessés de guerre et de déserteurs affluent dans la ville où les tensions entre les pauvres ouvriers du verre et les riches forgiers s’aggravent de jour en jour.

Dans cette marmite prête à exploser, trois destins se croisent. Celui d’Enik, une institutrice de quartier qui, tout à son projet d’école populaire et émancipatrice, se retrouve happée par les intrigues politiques de la cité. Celui d’Istven, un jeune orphelin surdoué qui, réussissant l’examen d’entrée de la plus fameuse école du pays, espère enfin s’être arraché à sa condition de gamin d’atelier. Et celui de Katlik, une jeune fille bien née qui voit son monde s’effondrer quand son frère aîné se fait tuer au front. Une école, un avenir, un deuil : ils n’aspirent guère à davantage… Mais Korost est bâtie sur des mensonges et des non-dits, et chacun dans sa quête ne pourra que tirer un fil pour détricoter ces mensonges.

La vérité sur la forgerie, sur le verre.

La marmite explosera quand les verriers comprendront leur force, et l’escroquerie dont ils furent les dupes si longtemps. Et quand le reste du monde ripostera, bien décidé à refermer le couvercle aussi violemment que possible, Enik, Katlik et Istven devront choisir leur camp… et avec eux, le reste des citoyens de Korost.

Ce texte se pose avant tout comme l’histoire d’une ville, narrée par trois points de vue différents, avec comme points d’orgue l’insurrection des verriers et l’impitoyable répression dont elle fera l’objet. A Korost, verriers et forgiers collaborent pour créer leur technologie, mais les forgiers ont pris l’ascendant social sur les verriers en s’auto-octroyant des diplômes pseudo-scientifiques basés sur des disciplines et des rituels volontairement incompréhensibles ; la dynamique de classe y est depuis longtemps déconnecté du travail réel des uns et des autres. Enik, Istven et Katlik mettront ceci à jour, achevant de briser le compromis sur lequel l’équilibre des pouvoirs de la cité se fonde. Au fur et à mesure que la vérité émerge, la violence des réactions empire : attentats, répression, intervention de factions étrangères…

L’intrigue met en scène un pays où l’art et la culture populaire repose sur le verre, et une cité que la forgerie a fait passer en quelques décennies d’un stade médiéval à un stade industriel. Cependant, le récit s’inspire fortement des différentes histoires des communes insurrectionnelles qui ont marqué notre monde au XIXe et au XXe siècle.