La 25e Heure

L’histoire se déroule en 1888 à Paris. Le thème principal est la réécriture des sciences et des inventions de la fin du XIXe siècle en attribuant à chacune d’elles des fonctions occultes. En effet, les découvertes vont être détournées pour permettre à l’esprit de morts prestigieux (inventeurs, créateurs, et artistes) de revivre, par l’intermédiaire de contrats signés avec des porteurs vivants.

La série débute avec la 25e Heure dans une ambiance très réaliste, presque historique, grâce à l’utilisation d’une documentation très précise sur le Paris de cette période (géographie aérienne et souterraine, personnalités de l’époque en tant que personnages, histoire politique, méthodes policières, langage, costumes, modes de vie, etc.), pour basculer à mesure que l’histoire progresse, et que l’univers se construit, vers une uchronie qui verra Paris devenir une capitale à part, basée sur une technologie qui mêlera l’esprit de la fin du XIXe à la modernité de développements futuristes. L’ensemble tournant autour de la mort.

Complots et espionnage, chantage et maquillages, combats à la canne française, hauts-de-forme et grands-bi, cimetières et catacombes, sont autant d’éléments qui viennent parsemer ces pages, et viennent lancer le premier épisode des enquêtes de la 25e Heure.

L’histoire met en scène deux policiers, l’inspecteur principal Eudes Lacassagne de la Sûreté de Paris, personnage charismatique pourvu d’un brillant esprit d’analyse mais souffrant de nombreux troubles physiques, et son auxiliaire, Louis Bertillon, jeune bleu tout droit sorti premier de sa promotion de l’école de police. Après une mise en bouche classique qui campe l’ambiance d’une enquête de police très fin de siècle ces deux hommes se lancent dans une enquête de routine dans laquelle le corps d’un mort disparaît au domicile de sa veuve. Très vite, ils s’aperçoivent que l’enquête revêt une toute autre ampleur, impliquant des personnalités scientifiques et politiques, ainsi que les services de la Sûreté eux-mêmes. Des sépultures d’hommes illustres semblent avoir été profanées, et les corps remplacés par ceux de prisonniers de droit commun.

Lacassagne et Bertillon, aidés de leur chef Goron, découvrent l’existence d’une organisation aux visées obscures : le Chrysanthème Noir, branche dissidente d’une autre organisation, l’Ordre de l’Ophiuchus. Il est question pour le Chrysanthème Noir de faire revenir les morts à la vie en synchronisant certaines longueurs d’ondes spectrales. Dans cet univers, la tour que monsieur Eiffel s’applique à ériger sur le Champs de Mars jouera le rôle d’émetteur dès son inauguration pour l’Exposition universelle qui se tiendra l’année suivante, en 1889.

Cependant, les inspecteurs se retrouvent dépassés par les résultats de leur enquête, et une sombre machination se met en route visant à les faire taire et à les discréditer. Peu d’indices valables sont laissés derrière les malfaiteurs, hormis une fleur, un chrysanthème noir, qui signe chacun de leurs forfaits.

Signalons plusieurs événements notables du récit. Lacassagne et Bertillon assistent au spectacle de la 25e Heure, donné au Café Mécanique, restaurant et théâtre tenu par le cinéaste et inventeur Georges Méliès. La fin de ce spectacle de danse avec serpents tourne au cauchemar, lorsque la voix du spirite Allan Kardec sort de la bouche de l’interprète féminine, annonçant la venue d’un monde nouveau dans lequel les vivants côtoieront les morts. La panique s’empare de la foule et plusieurs blessés sont dénombrés parmi les spectateurs.

Par la suite, les deux inspecteurs réchappent à l’explosion du domicile de l’étrange Zouave Jacob, médium et charlatan de son état. Durant cette même nuit, Lacassagne est victime d’un piège aux Bains Turcs. Il doit s’enfuir afin de ne pas être accusé du meurtre de plusieurs de ses collègues policiers.

À partir de ce moment, Lacassagne suit sa propre enquête dans les sous-sols de Paris, dans laquelle il est guidé par un mystérieux détective américain. De son côté, Bertillon suit la piste aérienne et en apprend plus sur son mentor, soigné par le Docteur Charcot de la Salpêtrière. Le décryptage de messages codés dans des journaux lui permet de réchapper à un attentat à la bombe, à une époque où les anarchistes étaient très actifs. Le jeune inspecteur se retrouve manipulé par Mileva Varasd, médecin slave qui profite des locaux de l’hôpital de Charcot pour mener ses propres expériences de suggestion mentale sur des cobayes humains. Interviennent également le duc et la duchesse de l’Abey, très impliqués dans l’organisation secrète, ainsi que Clémence Prud’hon, la compagne de Bertillon, jeune femme du monde qui disparaît à son tour dans des circonstances étranges.

À la fin du roman, Lacassagne rencontre son frère jumeau qu’il pensait à jamais disparu, ainsi que son père, notaire vivant dans un aéronef au-dessus de Paris. Le notaire semble être le chef du Chrysanthème Noir. Lacassagne est blessé par son frère et tombe de l’aéronef. Bertillon, pense avoir enfin retrouvé Lacassagne, ainsi que les preuves du trafic de cadavres, mais il présente un entrepôt vide à son supérieur, Goron. Le jeune inspecteur est déclaré fou et interné à la Salpêtrière.

Le Chrysanthème noir

Dans cet opus, nous quittons le côté purement polar pour être plus dans un roman qui mêle plusieurs points de vue, entre enquête policière et espionnage, scène fantastiques et démonstrations scientifiques, le tout dans des lieux toujours plus typiques de ce Paris de la Belle-Époque, la veille de l’Exposition Universelle de 1889.

Eudes Anatole-Faust Lacassagne est défiguré, gravement blessé. Il est récupéré par Gaston Tissandier et les premiers soins lui sont prodigués. Mais a son réveil, sentant venir le danger, il s’échappe à travers la forêt de Sénart, avant de se faire recueillir chez deux braconniers. Une curieuse jeune femme le récupère, il s’agit de Clémence Prud’hon. Elle travaille pour le Chrysanthème Noir, en tant qu’agent de l’ombre. Elle est médium et est assistée dans ses enquêtes par des ombres, des fantômes de son choix.

Marie-François Goron se retrouve privé de son meilleur élément, avec plusieurs enquêtes à gérer. Des affaires distinctes qui vont doucement se croiser et se recroiser : il travaille en réalité sur des histoires découlant toutes des activités du Chrysanthème Noir. Cette société savante, par ses actes, dérègle la vie parisienne en profondeur.

Louis Bertillon, lui, est de nouveau entre les mains de Mileva Varasd, à la Salpêtrière. Il est en mission d’infiltration pour le compte de Clémence Prud’hon : le Chrysanthème Noir veut connaître le rôle exact de la jeune Slave, ainsi que ses buts. Il fait donc semblant d’être à la fois sous influence (hypnose), et d’être résistant à certaines suggestions mentales, pour se donner le temps de mener son enquête.

Mileva Varasd, après avoir manipulé Chrysostome pour qu’il supprime son frère, cherche à faire éliminer ce dernier en employant une nouvelle fois les services de Ravachol, le poseur de bombes.

Le duc de l’Abey mène son entreprise, le Chrysanthème Noir, sur les rives d’une ère nouvelle. Il commence à mener des opérations de communication pour faire connaître les activités de sa sociétés, et les idéaux poursuivis : faire revivre les plus illustres des morts parmi les vivants et leur permettre de poursuivre leur œuvre. Nous assistons aussi à plusieurs tractations de contrats entre des morts et des vivants, ainsi qu’à la mise en place de l’arrière-plan technologique et scientifique de l’uchronie à venir (avancées significatives dans leurs expériences de métempsychose contrôlée, rapports à l’académie des science, démonstrations)

Le Notaire et maître du Chrysanthème Noir pense à sa propre succession. Ses deux fils écartés du siège, il se trouve vulnérable. Ce qui fragilise d’autant sa société naissante.

Un scandale menace le Chrysanthème Noir : celui du canal de Panama et de complexes histoires de malversations. Le financement du canal permet aussi le financement du Chrysanthème Noir, et les malversations ne s’arrêteraient pas là… Emprunts russes, tour Eiffel…

Eudes Lacassagne sorti de convalescence, accompagne Clémence dans son enquête contre Ravachol le poseur de bombes. Au passage, elle a supprimé Pinkerton… Goron, le chef de la Sûreté, se retrouve lui aussi à resserrer son enquête sur le Ravachol. Il faut dire que d’essuyer des coups de feu le motive à serrer ce danger public. Sans compter un attentat organisé contre lui… Oh, et il commence à voir des morts, ce qui n’est pas pour l’arranger…

Ravachol sème des cadavres derrière lui, il supprime ses anciens complices pour couper la route à la police et au Chrysanthème : il vise un dernier attentat, et tout porte à croire que ce sera lors de la soirée inaugurale de la CCN, la Compagnie du Chrysanthème Noir, à l’usine Menier de Noisiel…